Rideau de frères, (Khawa, Khawa)

Étape de création de Bouziane Bouteldja et Cie DANS6T

Rideau de frères c'est l'histoire de deux frères qui n'ont que faire de la rivalité de leurs pays respectifs, c'est l'admiration, le respect des valeurs qu'ils vont partager. C'est l'injustice qu'ils subissent étant nés en Afrique. Deux des meilleurs breakdancers au monde, invités partout mais dont les demandes de visa se voient refusées à chaque fois.

Sur un plateau vide ou à même le sol, deux corps en puissance vont se rencontrer enchaînant des danses virtuoses hip-hop et sensuelles aux origines du Maghreb. Deux corps qui s’affrontent ou qui s’aiment...

La danse qui les a ouverts au monde est le point de départ de ce projet qui abordera de manière subtile, la problématique des visas qui a mis à mal la compagnie ces trois dernières années. Une liberté de circulation volée, qui les a poussés à devenir illégaux en Europe ou à y songer. Dans la continuité du spectacle Ruptures et de ses recherches réalisées au Maroc, le chorégraphe Bouziane Bouteldja continue de s'interroger sur l'injustice qui touche de nombreux·ses danseur·euses, sur ce qui les pousse à prendre des risques pour avoir le droit de danser en Europe et la beauté de cette humanité qui, dans ces échanges adelphiques, lui donne tant de joie, d'espoir et l'envie de dialogue entre ses pays.

De manière plus globale, cette réflexion met en lumière une problématique mondiale : des peuples sont déchirés par des tensions politiques qui ne les concernent pas.

« Depuis 10 ans que je vais au Maroc, régulièrement, j'ai toujours dû présenter mes origines, dès la douane même avec mon passeport français je devais aussi leur dire mon identité algérienne, puis dans le taxi qui reconnaissait mon accent Algérien, ou quand je disais Wah (oui algérien) au lieu de Wakha (oui marocain) ou d'autres mots comme Kiffkiff au lieu de Bhalbhal... sans compter ma gestuelle !
J'ai mis des années à passer pour un marocain, non pas que j'avais peur de dire mes origines, au contraire, mais parce que j'aime bien me fondre dans la masse.
En ce qui concerne l'accueil, je me suis toujours senti comme chez moi, malgré les tensions entre les deux pays, on m'a reçu comme jamais ailleurs, en tant qu'algérien on me montrait l'attachement entre ses deux peuples frères et sœurs. « Ce qui se passe au niveau des gouvernements ne doit pas déchirer l'amour qui unit ces deux peuples ». Je n'ai pour ma part jamais eu le moindre problème pour rentrer au Maroc ou en Algérie, rien à justifier à part le fait d'être français, la chance d'être né en France et de profiter d'un statut de privilégié, peu de frontières me refusent. »

Bouziane Bouteldja

La résidence se clôturera le vendredi 31 mars à 19h30 avec une étape de création du duo Rideau de frères, suivie d’une projection du film documentaire BROKEN MIRRORS du réalisateur Othmane Saadouni.

Réalisé à partir de la création de TELLES QUELLES / TELS QUELS du chorégraphe Bouziane Bouteldja, ce film traite de beaucoup de questionnements sur la danse hip-hop et la danse contemporaine, dans le contexte marocain et français.

En partant des histoires personnelles de certains des interprètes, avec en ligne de mire le thème des identités, le regard de l’autre dans l’image de soi, la socialisation des corps, des idées, le film retrace des parcours d’émancipation, à travers le processus de création d’une pièce chorégraphique. Entre des scènes de danse, de pratique, de recherche et d’échange avec le chorégraphe et d’autre part, des scènes plus intimes dans des endroits personnels concernant le vécu des danseurs.

Film indépendant coproduit par OS Studio avec la compagnie de danse française Dans6t et l’aide de l’Institut Français et la Région Occitanie.