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Biennale #1

Du 14 mars au 7 avril 2012


Aujourd’hui, des artistes de plus en plus nombreux choisissent de se confronter au réel
, éprouvant le besoin de construire une autre relation au monde et aux autres, de déplacer les rapports de maîtrise qui les lient habituellement à leurs sujets et à leurs publics. L'artiste n'est plus là seul propriétaire des écritures qui s'inventent, mais essaie de faire naître avec l'autre, face à l'autre, un espace de récits communs.

La Cité, Maison de théâtre, choisit, en complicité avec de nombreux lieux culturels,associations, écoles de Marseille et de la région (près de cinquante partenaires), de donner à voir ces démarches et comment elles traversent les arts : théâtre, littérature,cinéma, peinture, photographie. Et puis des tables rondes et des débats, et l'invitation de philosophes à dérouler le fil de leurs pensées, car il s'agit aussi de questionner le présent mouvement à l’œuvre, et la société dans laquelle il s'inscrit, de jeter des passerelles,construire du lien entre le monde des arts, de la recherche et la société civile.


Édito

Dans un monde asséché par les impératifs de la loi des marchés, où à chaque instant quelque chose se perd, se casse, et se réduit, et disparaît, et à qui le tour ? Être à contre-courant d'une société de consommation qui pervertit les désirs en pulsions, comme l'écrit le philosophe Bernard Stiegler invité de cette Biennale, d'une société médiatique qui fait son miel de chimères qui nous éloignent de la vie réelle, de son épaisseur et de son mystère. Dans ce monde devenu incompréhensible, où tout va si vite, nous aspirons à n temps pour de nouvelles conversations, pour des rencontres inédites qui débordent les cadres, présupposés, préétablis, diagnostics et expertises en tous genres.

Écrire le réel comme une expérience sensible du côtoiement de l'autre, celui qui m'est étranger. Non pas un simple miroir, mais le lieu où ce qui est vécu, s'exprime et se pense dans cette relation. C'est dans cette tension que s'invente une écriture des passages, des épreuves, du présent en éveil. L'histoire s'écrit sans fin, elle n'est pas faite de personnages, mais de personnes, je l'écris et elle m'écrit. Elle est mouvement. Ces récits d'un territoire, d'une communauté, d'une personne, d'un espace comme celui de l'école ou du travail, engagent à des répétitions nouvelles qui construisent du commun. De personne à personne, quelque chose circule ici qui nous relie au monde et à nous-mêmes. Les langues du dehors s'entendent, non plus comme un écho lointain, mais dans le présent des frictions entre les dires. S'inventent alors d'autres jeux, avec d'autres joueurs et des règles nouvelles à imaginer. Les espaces de création s'ouvrent aux chants des autres, comme une terre possible des égalités. Printemps des gestes qui se joue des séparations entre les disciplines artistiques et fait sentir son souffle du théâtre au cinéma, à la littérature, à la peinture et à la photographie. Et franchir des frontières encore, inviter des chercheurs, philosophes, à mettre leurs pensées en dialogue avec les expériences artistiques et sensibles qui surgissent là. Mettre le réel en jeu, dans le croisement des arts, des sciences et des savoirs à priori non savants.

Cette Biennale, nous n'en sommes pas les propriétaires. Nous l'avons initiée, faite germer dans les actes qui jalonnent l'histoire de La Cité, maison de théâtre et espace de récits communs. Nous la souhaitons terrain de contribution, complémentarité, réciprocité. Scène ouverte où le tout est plus grand que la somme des parties. Espace de recherche et de frottement. Nous voulons donc remercier ici tous ceux et celles qui participent, soutiennent et enrichissent le sens de cette première Biennale des écritures du réel. Et à tous ceux qui la découvrent aujourd'hui, bienvenue !

Michel André


Retrouvez l'intégralité de la programmation de la Biennale #1 sur notre ancien site :