Skip to main content

Noémie Grunenwald

autrice, traductrice

Noémie Grunenwald est traductrice de l'anglais au français. Elle a notamment traduit Dorothy Allison, bell hooks, Silvia Federici, Julia Serano, Sara Ahmed, Minnie Bruce Pratt. Elle est l'autrice de l'ouvrage Sur les bouts de la langue : traduire en féministes/s, aux éditions La Contre Allée. Ce livre est à la fois un essai théorique, un récit à la première personne, un parcours parmi les livres et la pensée des autrices traduites. C’est aussi un plaidoyer pour une langue vivante, une déclaration d’amour à cette démarche qui consiste à inventer une langue pour dire nos réalités complexes, à jouer avec la langue pour éviter qu’elle ne se joue de nous. Sur les bouts de la langue : traduire en féministe/s de Noémie Grunenwald est une lecture qui éveille et réveille.  Elle est également la fondatrice des éditions Hystériques & AssociéEs. 

« Je viens d’une culture militante féministe, qui produit des fanzines, des blogs, et des brochures, et donc je baignais dans cet univers-là. Il y avait pas mal de discussions autour de sujets féministes, et je trouvais qu’on manquait de ressources. J’ai commencé à lire des brochures et des fanzines en anglais,  c’était l’époque où il commençait à y avoir des catalogues d’archives sur internet. Il y en a certaines que j’ai eu envie de partager, ce qui a abouti à la première publication, en 2014, du livre de Julia Serano "Manifeste d’une femme trans" aux éditions Tahin party. Je ne pensais pas que ce travail de traduction continuerait, et que j’en serais capable, mais il y a eu la rencontre fondamentale avec Isabelle Cambourakis, qui m’a confié la traduction de Bell Hooks. Depuis, la traduction est devenue mon métier à temps plein. (…) Ne pas avoir eu une formation classique de traductrice me permet de désacraliser le texte, et c’est ce qui m’aide, dans l’écriture des traductions à essayer des choses avec la langue, à la malaxer dans tous les sens, ce que je n’aurais sans doute pas osé faire avec une formation plus classique. Dans les mouvements féministes, il y a cette envie de créer la langue, l’adapter et se faire plaisir. Cette envie, je l’ai retrouvée avec Isabelle Cambourakis, à travers toutes nos tentatives de travailler la langue dans un certain sens. (…) J’aime le fait que la traduction ne soit pas figée, qu’elle soit mouvante, et que, si ça ne marche pas, on peut la refaire : je pense que cela en fait un genre littéraire différent. En traduction on ose, on propose une lecture particulière, spécifique à la personne qu’on traduit, mais aussi à la personne qui traduit. (…) Ce qui m’intéresse avant tout, c’est d’essayer des choses, plutôt que de définir de nouvelles grammaires.